samedi 10 octobre 2009

2010, le grand basculement du monde ?


L’année 2009 livre-t-elle quelques signes montrant un grand basculement du monde ? Voilà la question posée dans l’édition 2010 de « L’état du monde » qui chaque année paraît aux éditions La découverte, avec cette fois cinquante interventions de spécialistes des questions politiques et sociales. Dominique Vidal qui a dirigé l’ouvrage était ce 8 octobre dans les salons Mollat pour une conférence sur ce sujet assez important pour tout honnête citoyen du 21ème siècle. Un sujet plutôt difficile si bien qu’il est plus commode de d’intéresser aux polémiques du moment et après l’affaire Hortefeux, le cas Mitterrand qui a mobilisé les médias d’une manière hypertrophique. Passons… L’état du monde, comme
l’a suggéré Vidal, laisse penser à une phase historique nouvelle mais nul n’a une grille de lecture disponible. Il y a une grammaire du monde en œuvre mais elle est bricolée et n’a pas la structure cadrée de la grammaire enseignée à Port-Royal sous le grand Louis.


Un clin d’œil à 1939. A cette époque, ne pouvait-on penser aussi à un basculement du monde sans qu’une lecture du futur ne puisse être dessinée ? Qui pouvait penser à l’attaque de Pearl Harbor, aux conquêtes nazies, à la fulgurante contre offensive soviétique et pour finir à la victoire des Alliés et un partage du Nord entre deux blocs, suivi d’une guerre froide ? La comparaison s’arrête là. Car en 1939, les nationalismes, les idéologies, la montée de l’industrie et les desseins militaires se conjuguaient pour que se livre une grande bataille et que la carte du monde soit redessinée, pas tant au niveau des frontières que des équilibres entre puissance. Les quatre vainqueurs déclarés ont un siège permanent et disposent du droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU. La Chine fut conviée à compléter le quintet en raison de la population qu’elle représente. La carte du monde a été dessinée par les vainqueurs de 1945. Pendant 40 ans, de 1949 à 1989, la guerre froide a délimité l’ordre géopolitique au Nord. Deux super puissances se sont fait face mais l’une d’elle, l’Union soviétique, avait accumulé autant de têtes nucléaires que de retards économiques, sociaux et technologiques. Si bien que les Etats-Unis sont devenus une hyper puissance hégémonique. Avec comme premier dirigeant le père Bush et comme fait d’armes la première guerre du Golfe. Le fils Bush, avec sa politique désastreuse, a contribué à achever l’hyper puissance américaine en embourbant l’Amérique dans deux conflits sans issue, en Irak et en Afghanistan. La politique américaine a engendré une image détestable des Etats-Unis dans le monde. Mais la géopolitique ne se réduit pas à des questions militaires. L’économie a continué à se développer. N’oublions pas qu’au terme de la guerre froide, les deuxième et troisième puissances économiques étaient les vaincus de 1945, le Japon et l’Allemagne. 





Et maintenant en 2010 ? La seconde puissance économique, c’est la Chine. L’élection de Barack Obama a signé un retournement apparent de l’opinion mondiale, y compris dans le monde musulman, après le fameux discours du Caire. De plus, l’abandon du bouclier anti-missile, ajouté à la politique de dialogue, signe la normalisation des Etats-Unis comme une très grande puissance qui n’est pas prête d’abandonner un leadership mais qui change de méthode et peut-être, nous le verrons ultérieurement, de prétentions. Un monde multipolaire se dessine lentement. Sans grille de lecture précise. Comme l’a bien souligné Vidal, gardons-nous des effets de mode et des conclusions tirées sur des éléments conjoncturels comme peut l’être l’avènement d’Obama. Une chose est certaine, l’hégémonie du bloc occidental s’effrite alors que des grandes et moyennes puissances émergentes ont fait leur apparition, Inde, Brésil, Chine, Afrique du Sud, avec la Russie qui reprend sa place et d’autres pays plus petits qui suivent le mouvement de la croissance industrielle. La carte géo-économique est plus tangible que les éléments conjoncturels. Une nouvelle structure du monde se dessine. Vidal nous invite à aller plus loin que l’adhésion à un clan partisan ou bien la quête des idoles et autres hommes providentiels. Le monde risque d’être incertain. Mais une chose est sure, les affrontements idéologiques sont achevés. Place à la compétition économique. Le tout sur fond de transformations sociales, avec les technologies modifiant les modes existentiels, sans oublier les crises sociales liées à l’oubli de l’humain. 

De 1949, il reste le conflit au Proche Orient, dont Vidal est un connaisseur averti. Apparemment, quelques changements au niveau des Juifs américains dont le soutien à Israël semble s’infléchir, notamment avec une nouvelle impulsion apportée par Obama. On se gardera bien de tirer des plans sur l’Histoire. Ce conflit est sans issue. C’est ce qui le rend dangereux. Mais le danger guette aussi la planète, avec la question des ressources qui tendent à l’épuisement alors que l’économie ne cesse de croître. C’est ce qui rend le monde incertain. Personne n’a la clé des 20 prochaines années, pas plus qu’un citoyen de 1939 n’avait le dessin du monde de 1950. Mais quelque chose de plus ou moins profond va produire des changements.

Source: www.agoravox.fr

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