Intellectuel rendu célèbre au cours du 20ème siècle pour sa vie publique, Gore Vidal soutient que les Etats-Unis sont enclins à instaurer une dictature militaire. L’homme de 83 ans, dont l’histoire retiendra le débat public avec William Buckley, se déplace à présent dans une chaise roulante à cause de sa jambe en titane. Ancien partisan d’Hillary Clinton, il s’est reconverti en pro-Obama, convaincu que ce dernier était la plus intelligente personnalité politique jamais
vue depuis longtemps.
Néanmoins, l’auteur d’histoires courtes a confié au Times Online que malgré les espoirs qu’il portait sur le nouveau président, il fallait reconnaitre que celui-ci est dépourvu d’expérience. « Il est dans l’incapacité absolue d’appréhender les questions militaires », a déclaré Gore Vidal. « Il a tendance à considérer l’Afghanistan comme une baguette magique : Si nous résolvons l’équation afghane, nous en aurons fini avec le terrorisme, a-t-il coutume de dire. »
De plus, Gore Vidal n’a pas manqué d’évoquer l’argument selon lequel les Etats-Unis ont échoué sur toute la ligne dans leur plan de « conquête » du Moyen-Orient. Pour le New-Yorkais, « la lutte contre le terrorisme était une simple mise en scène. »
L’auteur de « La cité et la chenille » reconnait que l’actuelle Secrétaire d’Etat Hillary Clinton aurait dû remporter les présidentielles de 2008; car « elle comprend mieux le monde. » et s’est rendue compte que les femmes savent mieux gérer les choses lorsqu’elles s’y mettent. D’ailleurs, « Elizabeth savait que Raleigh était l’homme idéal à qui confier un navire. »
En ce qui concerne les très intéressantes élections de milieu de mandat prévues pour 2010, Vidal prédit une fois encore la victoire des Républicains mais trouve que Républicains et Démocrates, c’est désormais du pareil au même. Pour lui, le Parti Républicain symbolise « Une pépinière hitlérienne essentiellement fondée sur la haine entre les religions et entre les races. Pour vous autres étrangers, l’expression « conservateurs » fait penser à une clique de vieillards joviaux amateurs de la chasse au renard. Détrompez-vous ! En fait, il s’agit de « fascistes ».
En dernière analyse, Gore Vidal est tout de même de l’avis que la dictature militaire s’installera aux Etats-Unis et que « Obama dû consacrer ses efforts à l’éducation des Américains. » Son problème c’est qu’il est sur-éduqué. Il ne réalise pas à quel point son audience est bouchée et ignorante. Cela renforce l’idée selon laquelle l’Amérique ne possède pas d’« Intelligentsia ».
Gore Vidal est bien sceptique quant au niveau d’intelligence des Américains. Et pour cause, qui se soucie de savoir ce qu’ils pensent ? « D’ailleurs, les Etats-Unis détiennent le taux de scolarisation le plus bas parmi les pays les plus développés. Les Américains sont dépourvus de toute faculté de raisonnement, leurs réactions sont empreintes d’émotions que les publicistes astucieux savent stimuler. »
Vers la fin de l’entretien, le journaliste a demandé à Vidal ce qui faisait le plus sa fierté. « A cette question sur ce qui me rend le plus fier, a-t-il repris, je réponds toujours en disant : mes romans. Toutefois, je suis très fier de n’avoir jamais ôté la vie à qui que ce soit, malgré les incessantes tentations ; et vous ne savez pas à quel point je suis tenté de le faire. »
« Etes-vous heureux? » a demandé le journaliste. En guise de réponse, Vidal a cité Eschyle qui disait : « Tant qu’il est vivant, ne dites pas d’un homme qu’il est heureux. »
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