jeudi 8 octobre 2009

Tony Blair, le futur président de l’Europe !





Tony Blair président? Deux ans après avoir quitté Downing Street, l’ancien Premier ministre britannique travailliste pourrait bien revenir sur le devant de la scène, dans le rôle inédit de premier président de l’Europe, qui devrait bientôt voir le jour.
Le poste, jusqu’à présent assuré par rotation tous les six mois par celui dont le pays présidait le Conseil européen, devrait en effet devenir fixe, désigné par les chefs d’Etat des Vingt-Sept après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne portant réforme des institutions européennes.
Lequel traité a reçu un nouveau coup de pouce vers l’avant avec le “oui” référendaire des Irlandais samedi. Mais il reste encore à enregistrer la validation de la Pologne et surtout de la République tchèque: le traité s’y trouve entre les mains de la Cour constitutionnelle, pour une procédure en justice qui peut encore durer des mois avec le soutien du président, le très eurosceptique Vaclav Klaus.
Les pouvoirs de ce futur nouveau “président de l’Europe”, innovation majeure du traité de Lisbonne, restent relativement indéfinis et seront largement indéterminés par la personnalité du premier occupant du poste. D’où l’intérêt de savoir si c’est un technocrate obscur qui aura la préférence, ou un personnage flamboyant comme l’ancien chef de gouvernement britannique. Tony Blair, 56 ans, en cultive l’ambition depuis longtemps et les signes se multiplient que sa candidature non-annoncée intéresse. Il a en tout cas le soutien des dirigeants britanniques, malgré l’éternelle rivalité entre Blair et son taciturne successeur à Downing Street Gordon Brown.
Sa stature, sa célébrité et son carnet d’adresses -il connaît personnellement la plupart des dirigeants de la planète-confèreraient une légitimité immédiate au poste, censé incarner l’UE et renforcer sa voix dans les grands rendez-vous internationaux.
Selon Robert Worcester, de l’institut de sondages Ipsos MORI, l’option Blair serait servie par sa popularité aux Etats-Unis et en Europe, malgré un désamour certain en Grande-Bretagne. “A domicile, on ne lui a pas pardonné son soutien à la guerre en Irak et d’avoir dit qu’il y avait des armes de destruction massive”, rappelle-t-il.
Comme le dit le maire de Londres, le hérault conservateur Boris Johnson, nombre de Britanniques seraient très énervés de voir Blair “tout à coup catapulté en porte-parole intergalactique pour l’Europe” sans vote public.
A l’échelon européen, “il semble y avoir une pression favorable en train de monter pour Blair, mais également un malaise à cause de l’Irak, à cause de l’euro et à cause de son ambition, que certains considèrent comme un inconvénient”, estime de son côté Anand Menon, directeur de l’European Research Institute à l’Université de Birmingham. Certains dirigeants européens lui en veulent, ajoute Menon, parce qu’il n’a pas réussi à éloigner la Grande-Bretagne de son traditionnel euroscepticisme pour la mettre “au coeur de l’Europe”, ni même à entrer dans l’euro ou d’autres institutions européennes.
Devenu Premier ministre en 1997, Tony Blair fit alors souffler un vent nouveau de jeunesse et de dynamisme sur Downing Street, où il resta dix ans. Depuis, il sillonne le monde sans relâche, impliqué au premier rang des efforts pour la paix au Proche-Orient en tant qu’émissaire du Quartet, enseignant aux Etats-Unis et délivrant des discours à prix d’or.

Blair est la “star” des aspirants à la présidence de l’Europe. Mais nombre de chefs d’Etat des Vingt-Sept préféreraient peut-être choisir un président un peu moins susceptible de leur faire de l’ombre.
La liste non-déclarée comprend également le chef de la diplomatie allemande sortant Frank-Walter Steinmeier, son homologue grecque Dora Bakoyannis, son ex-homologue autrichienne Ursula Plassnik, l’ancien chef du gouvernement finlandais Paavo Lipponen, le Premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende ou encore celui du Luxembourg, le très respecté Jean-Claude Juncker, doyen des dirigeants européens.
La sélection se fera entre chefs d’Etat des Vingt-Sept, sans consultation populaire. Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, qui préside actuellement le Conseil, aspirait à une désignation rapide, dès le sommet des 29-30 octobre à Bruxelles. Mais ne devrait pas pouvoir y arriver, à cause de l’écueil tchèque.




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