jeudi 8 octobre 2009

Grippe A : A l’étranger on rassure, mais pas en France...



En Espagne et en Angleterre, les médecins rassurent la population. Et en France ?
Comme c’était prévisible au vu des observations épidémiologiques concernant la grippe A/H1N1 dans l’hémisphère sud, les autorités sanitaires et les médecins de nombreux pays sont de plus en plus sceptiques face au discours institutionnel (et surtout politique) des grands pays appelant à une vaccination élargie pour faire face à la pandémie. De toute évidence, la pandémie dramatique qui nous a été annoncée n’a pas eu lieu dans l’hémisphère sud. A tous points de vue, le virus A/H1N1, s’il est indéniablement plus contagieux que le virus saisonnier, est aussi nettement plus bénin. En effet, comme le faisait remarquer un médecin néo-zélandais dans un numéro tout récent du British Medical Journal , la Nouvelle-Zélande déplore habituellement 400 décès dus à la grippe saisonnière. Cette année, le H1N1, qui a supplanté le virus saisonnier, a fait... 17 morts. Conclusion, le remplacement d’un virus par l’autre a permis d’économiser 383 vies, sans (et mieux que) la moindre vaccination.


En Europe, certains professionnels sérieux en ont tiré des conclusions pleines de bon sens...






Les médecins généralistes espagnols rassurent solidairement la population de leur pays



C’est devant ce type de constatation qu’un groupe de médecins espagnols a mis en place, avec l’aide de tous les blogs professionnels et le soutien de l’association nationale des médecins ibériques (qui regroupe 200.000 médecins), un blog d’informations intitulé : Gripe : Ante Todo, Mucha Calma »(« Grippe : Avant tout, beaucoup de calme ».) On y trouve un ton parfaitement mesuré sur la pandémie grippale et une longue série de questions-réponses extrêmement documentées destinées au grand public, rédigées dans un langage parfaitement accessible et intelligible.

La plus grande revue médicale britannique invite, elle aussi, à revenir à la raison.

De son côté, le revue de référence qu’est le British Medical Journal publiait dans son numéro du 3 septembre dernier un article signé par Peter Doshi, un chercheur du MIT (Massachussets Institute of Technology) intitulé« Calibrated responses to emerging infections » (‘Des réponses proportionnées face aux infections émergentes’).

Dans cet article, Doshi montre que dans les institutions scientifiques, le discours inquiétant concernant les pandémies date de longtemps (il a commencé à grandir en 2003-2005, après la crise du SARS) et qu’il a brusquement été révisé depuis le début de la pandémie A/H1N1... pour devenir beaucoup moins alarmiste. Autrement dit : il évolue progressivement de manière inversement proportionnelle au discours tenu par les gouvernements !
J’invite vivement les lecteurs anglophones à se référer au texte intégral, qu’on peut trouver ICI.
Mais je vais en citer l’extrait suivant, éclairant. C’est la traduction/transcription d’un tableau montrant l’évolution des discours des grandes agences de santé (OMS, CDC d’Atlanta) avant et après le début de la pandémie et son extension dans l’hémisphère sud.

Un discours à deux vitesses

Le tableau de l’article de Doshi aborde trois aspects :

1° La définition d’une pandémie :

Hier :
OMS 2003-2009 : « Une pandémie de grippe survient quand apparaît un nouveau virus de la grippe contre lequel la population n’a pas d’immunité, ce qui provoque des épidémies sur toute la planète, avec un grand nombre de décès et de patients atteints. »

Aujourd’hui :
OMS : « Une pandémie de grippe peut survenir quand apparaît un nouveau virus de la grippe contre lequel la population n’a pas d’immunité. » (Commentaire de MZ : Doshi explique en effet que, contrairement à ce qui a été dit, le virus n’est pas du tout nouveau, et une partie de la population, l’ayant déjà rencontré par le passé, est immunisée. En particulier les sujets âgés.)

2° L’immunité et la vulnérabilité des populations

Hier :
OMS 2005 :"La plupart des populations n’auront pas d’immunité contre le virus pandémique"1
Aujourd’hui :
OMS 2009 : « La vulnérabilité d’une population à un virus pandémique est en partie liée au niveau d’immunité préexistante au virus »

Hier :
Center of Diseases Control (U.S.A.) 1997 : « Quand des modifications antigéniques se produisent, la population n’a pas d’anticorps les protégeant contre le virus ».
Aujourd’hui :
Center of Diseases Control (U.S.A.) 2009 : « Des antigènes croisés contre le A/H1N1 ont été détectés chez 6 à 9 % des personnes âgées de 18 à 64 ans, et 33% des personnes âgées de plus de 60 ans »

3° L’impact médical, social et économique d’une pandémie de grippe

Hier :
OMS 2005 : « De grands nombres de décès surviendront. (...) Selon une estimation basse, l’OMS estime qu’il y aura 2 à 7,4 millions de morts... Les bouleversements sociaux et économiques seront très grands. »
Aujourd’hui :
OMS 2009 : « Le virus (de la grippe aviaire) H5N1 a conditionné le public qui croit qu’une pandémie de grippe est synonyme de maladie grave et de mortalité élevée. Ce type d’évolution n’est pas du tout inévitable au cours d’une pandémie. Au contraire, il est exceptionnel. »

Hier :
CDC 1997 : « La principale caractéristique d’une pandémie est le haut degré de mortalité. »
Aujourd’hui :
CDC 2009 : « Certaines pandémies ressemblent à une saison de grippe un peu plus sévère que d’habitude. »

Hier :
(Autorités sanitaires canadiennes, 2006) : « Une pandémie de grippe survient lorsque de nombreuses personnes de par le monde tombent malades et meurent d’une [nouvelle forme] de virus grippal. »
Aujourd’hui :
(Autorités sanitaires canadiennes, 2009) : Une grippe pandémique ne provoque pas nécessairement une maladie plus grave que la grippe saisonnière.

Et les médecins français, que disent-ils ?

Au vu de ce que les communautés médicales espagnoles et britanniques disent de la pandémie de A/H1N1, et qui manifestement vise à s’élever contre l’atmosphère de terreur entretenue par les médias et par les pouvoirs publics de leurs pays respectifs, on est tenté de se demander ce que disent les professionnels français.

Malheureusement, il n’existe pas en France d’association professionnelle scientifique regroupant tous les médecins ; la seule instance « fédératrice » est l’Ordre National, dont la nature répressive et idéologique est bien connue, et qui ne délivre pas de mot d’ordre scientifique. Il n’existe pas non plus, en France, de revue hebdomadaire scientifique indépendante équivalente au British Medical Journal britannique. Il n’y a donc pas de discours collectif, scientifiquement argumenté, des médecins français face au discours politique, alarmiste et paternaliste, du gouvernement.





Et les médecins français, que disent-ils ?

Au vu de ce que les communautés médicales espagnoles et britanniques disent de la pandémie de A/H1N1, et qui manifestement vise à s’élever contre l’atmosphère de terreur entretenue par les médias et par les pouvoirs publics de leurs pays respectifs, on est tenté de se demander ce que disent les professionnels français.

Malheureusement, il n’existe pas en France d’association professionnelle scientifique regroupant tous les médecins ; la seule instance « fédératrice » est l’Ordre National, dont la nature répressive et idéologique est bien connue, et qui ne délivre pas de mot d’ordre scientifique. Il n’existe pas non plus, en France, de revue hebdomadaire scientifique indépendante équivalente au British Medical Journal britannique. Il n’y a donc pas de discours collectif, scientifiquement argumenté, des médecins français face au discours politique, alarmiste et paternaliste, du gouvernement.

Dernière minute !

La seule grande revue médicale scientifiquement indépendante, La revue Prescrire, qui est malheureusement un mensuel (donc, mal adapté au traitement des informations rapides) et qui ne touche que 25 000 professionnels de santé en France, vient (le 29 septembre, jour suivant la première mise en ligne de cet article) de publier un communiqué de presse très clair, qui va dans le sens de ce que disent les Britanniques et les Espagnols. 

Espérons que l’information sera relayée par la presse grand public et que ça relativisera la "nécessité" d’une campagne de vaccination qu’on nous présente comme "indispensable".
Ce type d’information tranche sur les informations incohérentes et alarmistes, comme lorsque les autorités annoncent (sans démenti de la part d’une communauté médicale hétérogène) que la France « est plus infectée par le A/H1N1 que les autres pays européens » (le contraire de Tchernobyl en quelque sorte...) et que, bruissant surtout de l’affaire Polanski, les journaux nous apprennent, incidemment que des vaccins sans adjuvant ont été commandés « au cas où » pour immuniser les femmes enceintes et les personnes fragiles. Des fois que les autres soient vraiment dangereux, en fin de compte...

Dans son communiqué, Prescrire souligne les dangers de vaccins insuffisamment testés et l’inutilité de l’utilisation des antiviraux pour raccourcir l’évolution de la grippe. (Et n’oublions pas que les antiviraux ne sont pas dénués d’effets secondaires, parfois sérieux.)

Malheureusement, en France, la pharmacovigilance (c’est à dire la surveillance et l’enregistrement des effets secondaires des médicaments) est d’un niveau dramatiquement insuffisant - la grande majorité des médecins, qui ne sont ni formés ni motivés, ne recensent pas et ne déclarent pas aux centres appropriés les incidents médicamenteux mentionnés par leurs patients. De sorte que si les vaccins contre A/H1N1 (avec ou sans adjuvant), administrés à une population qui n’en a probablement pas besoin, provoquent plus d’incidents ou d’accidents graves que le virus ne fait de morts, on ne le saura probablement jamais.

Mais qu’importe, puisque notre système de santé (N’oublions pas que c’est l’OMS - qui peut changer d’avis, nous l’avons vu plus haut - qui le clame haut et fort) est le meilleur au monde...

Dr Marc Zaffran (Martin Winckler)
Dr Marc Zaffran (Martin Winckler)

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